Churchill Attack

14e Nuit de L'Amateur de Cigare : les nuages sont restés au vestiaire

Mission accomplie pour ce premier opus en contexte anti-volutes. La loi interdit de fumer dans un lieu public ? La 14e Nuit de L'Amateur de Cigare s'est tenue dans un Musée des Arts Forains ouvert sur une terrasse-fumoir couverte et chauffée. Seule entorse aux habitudes - qu'il faut parfois savoir changer : impossible d'allumer un puro à table. Franchement ? On s'est rudement mieux senti manger.

Le Grand soir

On ne donnait pas très cher de sa peau, en décembre dernier (photo), lorsque, derrière les vitres du Pavillon Ledoyen, les cigares s'allumaient tels des cierges, dernières lueurs avant une nuit que d'aucuns grincheux auraient souhaité éternelle... Je parle de la Nuit de L'Amateur de Cigare (attention : copinage et autopromo revendiqués et totalement assumés). Lois anti-tabac oblige, la Nuit 2007 sentait le sapin (mais pas ceux des Champs-Elysées adjacents). Elle nous revient pourtant un peu moins d'un an plus tard, histoire de profiter d'une température extérieure encore clémente (*) puisque ce samedi soir, on fumera dans une cour aménagée. Sans oublier de déguster, à table, le menu élaboré par Thierry Marx, apôtre triple étoilé d'une cuisine aux fulgurances futuristes. On annonce également la présence d'une authentique galera, c'est à dire un atelier de roulage de cigares, cornaqué par une légende vivante : Miguel Barzaga. Venu spécialement de La Havane, le directeur adjoint de la fabrique H. Upmann, notamment créateur du Cohiba Siglo VI, apprendra aux plus sages comment rouler son propre puro. Classe, non  ? Compte-rendu à suivre ici même dans la foulée. Fin de l'autopromo.
(*)... Et moyennant 250 €, pour être tout à fait transparent.

Pléiades XXe anniversaire : place au robusto

Après le grand robusto en 2004, suivi du short robusto, du belicoso et du corona l'an passé, l'écurie dominicaine Pléiades hérite ce mois-ci d'un robusto (ni gros, ni petit : normal).

Rappelons que cette gamme est née d'un "accident" heureux. Le grand robusto destiné à fêter les 20 ans de la marque (créée en 1984) était à l'origine un "one shot", produit en édition limitée. Sa liga pertinente (belle fumée finement poivrée) et sa construction soignée (calibre sénatorial, cape grasse des plus appétissantes) lui ont offert sa carte de résident permanent derrière les vitrine des civettes, puisque les ventes ont dépassé les prévisions. Plebiscité, le module bénéficie depuis d'une production régulière. Sa ligne de goût plus punchy que celle des Pléiades classiques a amorcé un nouveau virage, plus viril, annonçant l'arrivée des formats pré-cités.

Pléiades XXe anniversaire robusto, (127 mm X 20,6 mm), 7,50 euros pièce, vendu aussi en cabinet de 25 (187,50 euros).

Le cigare n'est pas rock'n roll, il est rockabilly !

... La preuve ? Brian Setzer en personne l'affirme. C'était dans la page Portraits de Libé, ce mercredi : Et après le dîner, une fois les pieds pris dans les pantoufles ? "Ben, un cigare et un verre de scotch, comme Churchill". On rappelle que le rockabilly, c'est ce mouvement né aux Etats-Unis dans les années 1950, un rock rude, épuré, coupé à la country et au western que les Stray Cats de notre collègue Setzer ont brillamment remis en selle dans les années 1970. Comme souvent, le titre du papier tape dans le mille : "Banane mûre". Classe.

Altadis (Quai d'Orsay, José. L. Piedra, Pléiades, Vega Fina...) dans la tourmente

Suite au rachat d'Altadis (ex-Seita, précédemment fusionnée avec l'espagnole Tabacalera) il y a six mois par le géant Imperial Tobacco, une vague de licenciements vient d'être annoncée. 1060 postes sont concernés en France.
La dépêche Reuters en cliquant ci-dessous.
(Photo : AFP).

Dunhill, le retour : cap sur le Nicaragua

Jude Law (ci-dessus) les trouvera-t-il à son goût ? Début juillet au plus tôt, à la rentrée au plus tard, les nouveaux Dunhill arrivent en France. Distribués par C.A.O. aux Etats-Unis, ils revient donc à Henri Wintermans, nouveau propriétaire du label, de les acheminer vers nos civettes (via Altadis). Trois modules sont attendus : un petit corona, un corona et un robusto, disponibles, au choix, à l'unité, à l'unité en tube et en cabinet de 25. Peu de révélations sur les tarifs pour l'instant : "nous serons 20% moins chers que les Montecristo équivalents et les modules en tubes seront majorés d'un euro", annonce Olivier Duclos, directeur France d'Henri Wintermans. Les cigares Dunhill ressuscitent donc une énième fois et posent à nouveau leur valise. Après Cuba, la République Dominicaine et le Honduras, cap sur le Nicaragua. Peut-être l'occasion de vérifier si la bagagerie Dunhill, vendue à prix d'or, tient vraiment le choc... 

Oliva Nub, plus c'est gros, plus ça passe ?

Si petit qu'on en ferait qu'une bouffée... Quoique. La marque Oliva, ancrée au Nicaragua, lancera le 4 avril aux Etats-Unis une gamme sensée propulser l'amateur directement dans le feu de l'action. A savoir la partie du cigare prétendument reconnue comme la meilleure : le deuxième tiers, point d'équilibre entre puissance et arômes, connu sous le doux nom de "divin" (le découpage en tiers fait cependant débat dans les rangs des amateurs). La mise en pratique de cette idée imbibée de marketing escamote donc en théorie le premier tiers, rampe de lancement permettant à la combustion de libérer le caractère du cigare, ainsi que le troisième, offrant pourtant sur certains modules des minutes enivrantes !

Cohiba trop secs : le retour de la momie ?

"Que faire de 5 Cohiba achetés à La Havane en 1971 ? Secs archi-secs, ils n'ont jamais été conservés en humidor. Peut-on leur rendre vie ?" La question m'a été posée par René, depuis Montpellier, il y a quelques jours. Pour être franc, c'est la première fois qu'une telle requête parvient jusqu'à ce blog. "Allo? Docteur cigare ?" Il s'agissait de ne pas décevoir René. Du coup, j'ai carrément transmis le dossier à une pro du puro : Delphine, l'ex-propriétaire de la Civette de Neuilly...

Historique : j'ai rencontré Dutronc !

13 h pile, ce midi. J'arrive à la Villa Corse (celle du XVIe arrondissement) pour un déjeuner d'affaires. Dix mètres avant l'entrée, je jette un regard mécanique à la terrasse en bois, ouverte et chauffée et... J'en reste coi. De profil, une silhouette se dessine et je m'offre dix secondes de tachycardie : une mèche raide qui dégringole sur le front, des Ray Ban, une bouche pinçant un épais cigare (Cohiba), un je ne sais quoi de moqueur dans l'allure... C'est Dutronc. Intemporel. Attablé devant un seau à champagne, une flûte face à lui. J'ai les mains moites. Ne rigolez pas : depuis que la mort de Philippe Noiret m'a rendu inconsolable, c'est le seul artiste avec lequel je rêve d'échanger sur le cigare, un verre de rosé à la main, en tricotant des phrases pas forcément intelligentes. Dois-je me présenter et demander une interview ? Ne rien faire car c'est perdu d'avance ? Le temps de trancher, j'étais déjà à l'intérieur du restaurant, mon ticket de vestiaire à la main. Comme un lâche. Mais la partie n'était pas finie...

Tempo, le petit dernier de Maya Selva

Back to basics pour Maya Selva. Il y a quelques mois, elle lançait un Decimo (corona gorda) un brin hors-pistes, cigare "carte blanche" élaboré en étroite collaboration avec Jean Christiansen, le chef de L'Atelier Berger. Un one-shot aux accents crémeux et torréfiés, relevé d'une pointe de marketing : le tout était conditionné dans un écrin... de plexiglas ! On en trouve encore. Le module coûte 12 euros à l'unité. Aujourd'hui, la pasionaria franco-hondurienne change d'aiguillage. Retour à sa partition la plus connue : la ligne Flor de Selva (Honduras)*, avec le Tempo, un module un peu plus costaud que le robusto figurant au catalogue de la gamme (2,1 cm de diamètre, 12,8 cm de long, contre 1,98 cm et 12,1 cm). Cet exemplaire m'est arrivé drapé d'une fine feuille de bois de cèdre, le pied enroulé dans un ruban de papier autographié "Maya Selva Cigares". Allumage facile, tirage plus qu'ample (on aimerait davantage de résistance de ce côté-là), une puissance tranquille et une ligne aromatique légère... Trop ? Il manque à l'élégance de ce cigare, à la cape fine et claire, une touche d'animalité, de gras, pour qu'on lui ouvre en grand la porte de notre humidor. Mais les adeptes de de légèreté feront le voyage sans être obligés d'attacher leur ceinture. C'est déjà ça.

Cape Connecticut. Tabac : Jamastran, Azacualpa, Jalapa, Esteli.

Prix à l'unité : 8 euros.

* Au côté des gammes Cumpay (Nicaragua, belle personnalité, goût et puissance affirmés) et Villa Zamorano (Honduras, cigares vendus en fagots parmi lesquels un churchill à 5,20 euros tout à fait décent, belle surprise).

(Photo : B. Wagner)