"Et maintenant, quand ?" L'état d'âme torture tout amateur de vin sortant de chez son caviste, un cru d'exception à la main. Hors occasion solennelle balisée (dîner entre amis, entre quatres yeux, rupture...), quel instant sera assez judicieux pour justifier l'ouverture et la dégustation de la bouteille ? L'amateur de cigare se heurte régulièrement au même scrupule lorsqu'il s'agit de pièces de haute volée facturées au prix fort. Passé le frisson de l'achat, Lusitanias de Partagas à 15 euros et Sir Winston de H. Upmann à 17 euros - sans parler des éditions limitées - sont souvent condamnés à un séjour prolongé dans l'humidor. Notre quotidien est soit trop pressé, soit trop terne pour eux. On se tourne vers les seconds rôles faciles à déguster (robustos, coronas...), en (dé)laissant dans leur boîte les trophées devenus encombrants, comme une Ferrari trop rutilante sommeillerait au garage.
Mais ce soir-là, j'étais décidé à épargner à mon acquisition du jour le passage par la case "Musée Grévin".
L'heureux élu ? Un robusto (ou presque, son gabarit étant légèrement inférieur) Maduro 5 Magicos. L'un des trois fameux havanes lancés à la rentrée par Cohiba. L'enseigne cubaine promettant du haut de gamme enveloppé d'une feuille de cape vieillie cinq ans, il fallait bien une minute de silence pour amorcer les préliminaires. A l'oeil, la promesse est tenue : le cigare est sombre, élégant. Au toucher, rien à voir avec la gamme traditionnelle couleur café au lait. Davantage de gras. Du velouté. Osons-le : il y a du sensuel troublant dans ce cubain-là. C'est un cigare que l'on manipule plus longuement que d'autres avant la mise à feu. On le porte au nez... Une fragrance franche et persistante mêlant bois précieux et cuir. Distinction et gourmandise. Les premières minutes après l'allumage confirment le Magicos dans ce registre noble. La fumée est généreuse, lourde, épicée. Toujours le bois précieux, des notes poivrées, le tout progressant en puissance sans enivrer ni lasser. Le vertige des sens a cependant un prix : 17,80 euros. C'est un peu le caillou dans le soulier... Dans la même gamme, le Genios, un grand robusto et le Secretos, un petit corona, sont respectivement facturés 20 euros et 8,50 euros.
(Photo : B. Wagner)
Même si par les temps qui courent, tout ce qui dépasse le petit corona séjourne longtemps dans l'humidor, le rare plaisir de "destocker" n'en est que plus grand.
Rédigé par : Flo | 14 novembre 2007 à 20:46
On aimerait bien tirer une taffe!
Rédigé par : claire | 07 novembre 2007 à 23:47
Quel bonheur de te lire ! Je savoure.
Rédigé par : gaelle szymandme | 06 novembre 2007 à 21:58